À quoi ça sert sinon à renforcer les stéréotypes et les stigmatisations médiatiques. Je n’ai pas de réponse, mais je suis revenu. »
Camden
Jean-Christian Bourcart
photographies et textes Texte © La lettre de la Photographie Bernard Perrine
«Kailash, qui signifie cristal en sanscrit, est une montagne sacrée de l’Himalaya. On ne connait aucune tentative d’escalade la concernant. Il n’est possible que d’en faire le tour, n’apercevant qu’une de ses facettes à la fois, parfaite métaphore de ce que l’on nomme le réel.»
Jean-Christian Bourcart
Avec la série Black Sheet, 2010-2011, Jean-Christian Bourcart retourne l’appareil dans sa direction. Il enregistre son reflet (et celui de ses proches) sur une feuille noire. La surface brille, sa texture transforme et défonce la réalité qu'elle reflète. Un monde étrange s'anime, comme une attraction de miroir déformant dans une fête foraine.
Pour lui, « cette feuille noire est comme notre esprit, reflétant ce qui se passe autour, mais toute cette activité n'intervient pas sur sa qualité primordiale vide. Les images sont comme les pensées : elles semblent solides, importantes mais elle n'ont pas de matérialité. Elles ne font que passer. »
Dans la série I Shot the Crowd, 2009-2010, Jean-Christian Bourcart parcourt le monde, à l'affût des endroits à forte concentration humaine, et enregistre le flot des gens qui s’écoule devant lui. Sa seule présence transforme un instant banal dans lequel tout le monde est égal, en une scène où les passants anonymes révèlent leurs existences singulières. D’un pays à l’autre, les différences de morphologies, de styles vestimentaires et de réactions à la présence du photographe, proposent un commentaire sur l’altérité à l’époque de la globalisation.
Dans le cadre de la sortie de l’ouvrage Camden, un volet de l’exposition sera consacré à la déambulation de Jean-Christian Bourcart dans cette ville du New Jersey. Un témoignage halluciné sur un univers où tout semble différent, sauf ce sentiment d’appartenance à une humanité au destin commun.